Depuis Tulear je prends la navette express, ça coûte un peu (50000AR par trajet) mais a ce prix on rejoint Anakao en 1h30, bien plus vite que par n’importe quel autre moyen (taxi brousse 5h mini, bateau normal 3h mini), pour le prix on a même un embarcadère ambulant a savoir une charrette a zébu qui vous transporte jusqu’au hors bord amarré un peu plus loin.
L’arrivée sur Anakao laisse déjà présager de la suite, on navigue dans le lagon, entre la barrière de corail ou se brise d’énormes vagues et une longue plage de sable, l’eau est d’un bleu vert transparent du plus bel effet. Arrivé a terre l’impression se confirme, la plage est vraiment superbe, on est dans un lagon protégé par la barrière de corail, l’eau est très claire, pas de courant, peu de vagues. A droite et a gauche du village plusieurs établissement louent des bungalow a des prix et au luxe variable. J’avais regardé dans le bouquin concernant les hébergements, si on m’en déconseille fortement un (Atlantis), on me propose d’au moins jeter un coup d’œil “chez Emile” qui est dit-on cool et vraiment abordable. Emile c’est un malgache originaire du village qui tient un restaurant sur la plage et des bungalow sur la dune 200m plus loin, si les bungalows sont basiques (pas d’eau courante, toilette commune pour presque tous), c’est globalement propre, il y a de la place (j’ai 2 lits doubles pour moi tout seul) et ça as un certain charme, sans compter le prix qui défie toute concurrence (15000AR/nuit), bref je reste !
Anakao c’est un petit village de pécheurs, ici vit l’ethnie Vezo un peuple de pécheurs semi nomades, leur origine n’est pas totalement certaine mais il seraient d’origine austronésienne et ont traversé l’océan indien sur leurs pirogues pour s’installer ici, une autre version serait qu’ils auraient traversé le canal du Mozambique. S’ils ont toujours un point de résidence sur la terre ferme, ils ne profitent que très peu de celle-ci, ne pratiquement aucune agriculture hormis la production de riz et ne font pas d’élevage, ils tirent l’essentiel de leur alimentation de la mer qui leur fournit poissons, fruit de mer, algues. Les Vezos utilisent des pirogues a balancier et a voile carrée, embarcation d’une efficacité remarquable, capable de transporter des charges lourdes, d’affronter les océans, de remonter au vent presque comme un voilier moderne elles sont construites en balasa qui leur donne une légèreté étonnante, il suffit de 4 personnes pour remonter une grosse pirogue sur la plage. Ici les pirogues servent a tout, a la pêche, au transport de marchandises le long de la cote, au transport de personnes (inclus les touristes), on peut utiliser la voile comme tapis de pic-nic ou comme toile de tente, c’est un outil multi-fonction.
Ce matin j’ai rendez vous avec un pécheur et sa pirogue pour aller passer la journée sur l’îlot de Nosy Ve, en plus des passagers on embarque deux casseroles, une grille, du charbon, du riz, des épices… et un harpon. Une fois la voile hissée on prend rapidement de la vitesse, avec une voile faite de sac de riz cousus et un bon vent de coté. La pirogue est étonnamment stable et on ne sent presque pas de roulis, en même pas 1h on arrive sur Nosy Ve, un îlot entouré d’une superbe plage de sable blanc. Nosy V n’est pas habité mais les pécheurs ont l’habitude de venir s’y reposer, préparer un peu de riz et de poisson, voir de camper ici, les seuls autres habitants sont des paille en queux rouge, oiseaux assez uniques dans la region, ils nichent dans les buissons et s’ils sont un peu bruyant quand on s’approche ce n’est pas pour autant qu’ils s’enfuient ! On fait le tour de la plage, pendant ce temps l’un des piroguiers prépare le feu la cuisine pendant que l’autre part… a la chasse, les Vezos sont d’habiles chasseurs sous marins qui n’ont aucun mal a descendre a 15m voir 20m en apnée pour rapporter langoustes, cigales de mer et évidemment poissons.
Avec finalement peu de choses nos hôtes nous préparent un repas plus que copieux et succulent et il est temps de mettre palmes masques et tubas pour aller découvrir ce qu’il y a sous l’eau. En partant de la plage le sable laisse rapidement place a une zone de récifs peu profonds ou il faut surtout éviter les oursins et les coraux coupants, a mesure que l’eau devient plus profonde on voit plus de choses, il y a un peu partout des récifs avec du corail, des poissons multicolores, des étoiles de mer, des anémones, la visibilité est telle qu’on voir vraiment très bien jusqu’à largement plus de 10 mètres.
Le retour sera un peu plus compliqué que l’aller vu qu’on a un fort vent de face, situation qu’aucun bateau ne peu remonter sauf a louvoyer ce que nous ferons pendant un bout de temps avant de rejoindre la plage devant Longo Vezo, j’abandonne mes piroguiers ici vu que j’ai prévu de passer ici pour me renseigner sur la plongée et rentrerais par la plage.
Aujourd’hui c’est donc le jour ou je plonge avec Eric de Longo Vezo, un français très sympa qui vit ici depuis 15 ans et qui connait très bien les lieux. Un espagnol m’accompagne, il tient absolument a faire une plongée dans le prolongement de l’embouchure du fleuve, une zone ou on trouve souvent de gros poissons, l’inconvénient pour moi est que c’est plus profond que ce que j’ai fait jusque la, qu’il va y avoir du courant et qu’il va falloir descendre la corde de l’encre jusqu’en bas. L’eau est tellement claire que de la surface on voit sans aucun problème le fond, sur le coup ça donne un peu le vertige mais bon Eric sait me mettre en confiance et je suis quand même curieux de voir comment se genre de plongée se passe. A part un léger souci d’oreilles au début, le reste de la plongée se passe super bien, le courant permanent du fleuve implique de rester très prés du fond, de s’y accrocher quand on s’arrête et de s’en aider pour avancer, si on ne verra pas de très gros poissons on voit quand même pas mal de choses, notamment une étoile de mer vraiment immense. De retour sur le bateau je suis malade pour la première fois de ma vie sur un bateau, conséquence de ma plongée, mal de mer (on est sur une petit hors bord dans une zone avec pas mal de vagues) difficile a savoir vu que ça dure 5 minutes et que je vais parfaitement bien juste après.
De retour de plongée je rencontre Alexandre Poussin, a coté de ce mec la je suis vraiment un petit joueur, imaginez, il a fait un tour du monde en vélo (25000km), traversé l’Himalaya a pied (5000km), traversé l’Afrique du sud au nord a pied (14000km en plus de 3ans) et désormais il fait le tour de Madagascar en charrette a zébus, avec femme et enfants ! Cela sera l’occasion d’une discussion très intéressante et de quelques conseils concernant mon prochain pays, l’Afrique du Sud qu’il connait tres bien. Si ces aventures vous intéressent.
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Finalement, plutôt que de reprendre la route pour refaire une courte journée ailleurs, je décide de rester ici deux jours de plus, l’occasion de refaire une plongée avec Eric et Alexandre, cette fois sur la barrière de corail. La mer a creusé des canyons et des grottes dans la barrière, c’est un endroit plein de vie et je verrais pour la première fois de ma vie langoustes et cigales de mer dans leur environnement, l’effet de la houle en surface est parfois très prononcé sous l’eau, les canyons amplifient le mouvement, on se retrouve parfois a reculer de plusieurs mètres mais cela fait partie de la plongée.
Pour mon dernier jours je repars avec un piroguier, cette fois direction Nosy Satra, une île un peu plus loin, la méthode est un peu différente vu que nous irons a la rencontre des pécheurs en mer pour leur acheter notre repas de midi. Nosy Satra représente un intérêt moindre que Nosy Ve, l’endroit est un peu plus grand, le principal intérêt est une piscine naturelle remplie par les vagues et la marée. Si l’île n’est pas habitée en permanence il y a tout de même des campements, on fait en effet venir des zébus jusque ici pour profiter de l’herbe, lors des marées importantes l’eau descend suffisamment bas pour qu’on puisse traverser la mer a pied.
Demain il sera temps de rejoindre Tuelar d’ou je repars en direction de Tana.
Anakao c’est vraiment un petit coin de paradis comme on peu en rêver, si l’endroit ressemble a une carte postale il a su préserver son atmosphère originale, ici vous découvrirez la vie des habitants, mangerez éventuellement avec eux (langouste, cigales, poissons grillés), ne vous attendez pas a un grand confort, l’eau courante n’existe pas ici, tout comme l’électricité est rare, ne comptez pas non plus sur une connexion internet (la 3g fonctionne) mais cela ne fait qu’ajouter au charme de l’endroit.