Une des grandes attractions a Potosi c’est la visite des mines, toujours en activité du Cerro Rico, les visites sont organisées par les coopératives de mineurs via des agences en ville, la visite coûte environ 130Bs et dure 4 ou 5h.
Ce matin on commence donc par visiter la citée des mineurs, un quartier de la ville ou on trouve tout le nécessaire pour l’activité minière, nourriture, feuilles de coca, dynamite, outils et le fameux alcool des mineurs, il fait 96,9°, la bouteille porte la mention « alcool potable » histoire de confirmer que oui ça se boit !
Après s’être équipé en sur-pantalon, veste, bottes, casque et lampe on reprend le bus, direction la montagne et les mines, toute la montagne est couverte de chemins, petites maisons et trous de mine.
L’exploitation des mines a commencé avec les espagnols, si les Incas étaient très intéressé par l’or, l’argent n’avait pour eux qu’une valeur mineure. Les espagnols ont rapidement mis en place un système de quasi esclavage des populations locales pour assurer leur prospérité, les travailleurs effectuaient des rotations entre les exploitations agricoles, les ingenicos ou on transformait le minerait en métal et les mines, l’activité la plus difficile. Après l’indépendance de la Bolivie l’exploitation s’est poursuivie sous la forme d’une mine d’état, les conditions de vie des mineurs étaient un peu moins rude, l’état as investi en matériel et machines pour améliorer l’exploitation. Avec la chute du cours de l’argent dans les années 90 l’état a fermé les mines. L’exploitation s’est poursuivie, d’abord illégalement puis autorisée par l’état, les mineurs se sont regroupé en coopératives et extraient le minerais de manière totalement artisanale, a la force des bras et de la dynamite, environ 10000 mineurs travaillent aujourd’hui dans la montagne, dans des conditions particulièrement dangereuses.
Arrivé a l’entrée de la mine il y a quelques bâtiments pour stocker le matériel des mineurs, des chariots et des sacs de minerais empilés un peu partout. On croise une équipe de mineurs qui sortent du trou de mine avec le fruit de plusieurs jours de travail : un chariot chargé de sacs d’oxyde d’argent, s’il n’ont pas l’air si gros ils sont par contre super lourds !
On rentre a notre tour de le trou de mine, la première partie de la galerie a été réalisée par les espagnols, elle est relativement haute, consolidée par une structure en pierre de taille, bref du solide ! En avançant on arrive dans la partie datant de l’époque de l’exploitation par l’état bolivien, les galeries sont étayées avec du bois, par endroit ça menace clairement de s’effondrer, il y a des coulures colorées un peu partout, bleu pour l’oxyde de cuivre, jaune pour le souffre, rouge pour le fer et violet pour le manganèse. Lorsqu’il pleut sur la montagne, l’eau s’infiltre, devient de l’acide sulfurique qui dissout les minéraux et le redépose en coulure.
On fait une première pause pour offrir des feuilles de coca, des cigarettes et de l’alcool au dieu des mines, une statue dans une galerie, au passage on boit un peu d’alcool a 96,9°, ce que je peux en dire c’est que ça sent l’alcool a brûler, ça n’a pas de goût et ça chauffe par ou ça passe !
On poursuit encore notre route plus profond dans la montagne, cette fois dans la partie exploitée artisanalement, il s’agit d’étroits boyaux a peine consolidés, souvent assez bas et encombrés de débris. L’avantage de ce type d’exploitation c’est de pouvoir exploiter de très fines veines de minerais, il est par contre particulièrement compliqué de sortir les stériles (la pierre qui ne contient pas de minerais) qui sont donc laissés sur place. Lorsque les mineurs trouvent une veine, le principe est de faire sauter la roche avec de la dynamite, récupérer le minerais et réitérer l’opération.
Dans la mine que nous visitons il y as plusieurs étages de galeries superposées, reliées entre elles par d’étroits conduits par lesquels ils faut se faufiler. On visite plusieurs endroits ou les minerais sont extraits, par contre on ne croise pas de mineurs, il faut dire qu’on est samedi et que l’activité est réduite aujourd’hui. Pour le fun notre guide fera quand même sauter un bâton de dynamite dans une des galeries, on as 3 minutes de mèche pour s’éloigner un peu, reste que le souffle est impressionnant et il faut se dire que les mineurs peuvent faire sauter jusque 20 bâtons simultanément pour pulvériser la roche !
On ressort finalement de la mine, après avoir passé presque 4h a crapahuter sous terre dans une atmosphère chargée en poussière et gaz divers ça fait plaisir de retrouver la lumière du jour et l’air libre !
Pour moi cela aura été une expérience mémorable, quelque part ça ressemble aux catacombes de paris, il faut quand même garder a l’esprit qu’on ne parle pas tout a fait d’une « visite touristique », l’endroit est toujours en exploitation, il y as toujours des risques liés au fait d’aller sous terre dans une zone qui n’est clairement pas totalement sécurisées. Si vous avez l’âme d’un aventurier, que vous n’etes pas claustrophobe, que vous n’avez pas de problèmes respiratoire et que vous ne craignez pas de ressortir couvert de boue, allez y c’est une expérience géniale !